
« À LA CROISÉE DES CHEMINS ENTRE LE TERRAIN ET LES INSTITUTIONS. »
Entretien avec Guylaine Brohan, présidente de la fédération nationale
En 2024, Familles Rurales a fêté ses 80 ans. Qu’est-ce que cet anniversaire signifie pour vous ?
Notre Mouvement a fêté ses 80 ans, mais il est toujours aussi dynamique et vivant ! Et s’il reste le premier mouvement familial de France, c’est parce qu’il a su répondre durant toutes ces années aux besoins de la société tout en restant fidèle à ses valeurs. Aujourd’hui, Familles Rurales, c’est 127 000 familles adhérentes, 25 000 béné voles et 14 000 salariés fédérés au sein de 1700 associations et 75 fédérations départementales et régionales. Chacun peut, où qu’il se trouve et dans sa singularité, trouver sa place, exprimer sa créativité, s’engager pour sa communauté, son village, au sein d’associations conviviales qui font partie d’un grand projet humaniste.
Comment avez-vous célébré cet événement ?
Cet anniversaire a été une magnifique occasion de réunir l’ensemble de nos fédérations en y associant nos parties prenantes. Je voudrais d’ailleurs saluer le très beau travail mené par l’équipe de la fédération nationale qui nous a fait vivre une expérience immersive inoubliable, dont le fil conducteur a été de relier nos valeurs à nos actions. Je pense que nous avons tous vibré ensemble, que nous avons littéralement « vécu » les différents témoignages, en particulier celui du jeune Alexandre, dont le voyage avec son association Familles Rurales de la Loire au sein d’une communauté rom en Roumanie a changé la vie. Cette histoire nous montre qu’il n’y a pas de « petit projet » et qu’il est crucial d’apprendre et nous inspirer les uns des autres, quelle que soit la taille ou la portée de nos fédérations.
Le contexte a été particulièrement mouvementé en 2024, comment l’avez-vous vécu ?
2024 a effectivement été une année difficile, chargée d’incertitudes avec, outre les crises climatiques et sociales, une crise politique qui a provoqué une forte instabilité. Cela a créé une atmosphère d'attente et d'inquiétude au sein de l’ensemble du réseau, mais aussi des difficultés budgétaires qui ont eu un impact significatif sur notre fonctionnement. Mais nous avons fait face à ces défis parce que nous sommes restés soudés, nous avons resserré les rangs : cette année, les administrateurs ont fait une véritable tournée des fédérations. Ils ont participé à 42 assemblées générales sur 75 dans le réseau. De mon côté, j’ai poursuivi les échanges avec les présidentes et présidents de fédérations. Il est essentiel de bien nous connaître, nous enrichir les uns des autres et, quand il le faut, faire preuve de solidarité. Je tiens justement à saluer toutes celles et tous ceux qui ont répondu à nos appels d’urgence d’une part pour soutenir nos amis mahorais, si durement affectés par le cyclone Chido, et d’autre part pour venir en aide aux fédérations qui ont rencontré des problèmes de trésorerie cette année.
Par ailleurs, cette année d’instabilité politique, ces changements successifs d’équipes, ont suscité de nombreuses sollicitations de la part des ministères et nous n’avons jamais été autant entendus à Paris ! Dans ce contexte tourmenté, notre stabilité, notre maillage territorial, notre expérience et les années de travail, de propositions et de plaidoyers ont été plus que jamais requis et reconnus.
Faire le lien entre les réalités des territoires et la perception que les pouvoirs publics en ont.
Qu’avez-vous plaidé dans les ministères ?
Bien entendu, j’ai rappelé nos positions et propositions en faveur de l’instauration d’un socle minimum de services de proximité, du pouvoir d’achat de nombreuses familles et de la nécessaire transition écologique et sociétale. Mais il m’a surtout semblé primordial de faire le lien entre les réalités des territoires et la perception qu’en ont les pouvoirs publics. C’est pourquoi chaque rendez-vous a été l’occasion de restituer ce que je vois et entends lors de mes déplacements partout en France, à la fois en termes de problématiques vécues par les familles, que de solutions apportées par les associations, dont j’ai rappelé le rôle crucial dans les territoires.
Je suis également revenue sur l’une des questions qui me tient particulièrement à coeur : celle de la mobilité. C’est un sujet très important dans nos territoires ruraux, qui revêt une dimension à la fois sociale et écologique. C’est d’ailleurs un projet dont nous nous sommes emparés au niveau national. Nous accompagnons les fédérations qui souhaitent expérimenter de nouvelles solutions de mobilité, comme le développement du deux-roues ou de véhicules partagés.
Par notre présence démultipliée dans les fédérations et nos nombreux rendez-vous dans les ministères, nous avons été à la croisée des chemins entre le terrain et les institutions.
Quel est votre feuille de route pour 2025 ?
J’engage l’ensemble du Mouvement à poursuivre notre projet commun : créer du lien social, humaniser l’économie, faire vivre la démocratie dans nos territoires, et bien entendu, porter la transition écologique sociale et solidaire.
Je souhaite vivement que nous continuions tous à cultiver nos relations, à renforcer nos liens de confiance et à prolonger ce formidable élan d’entraide et d’espoir qui s’est amorcé en 2024.
Consulter les rapports annuels :
Consulter le rapport annuel de Familles Rurales - Année 2024 (.pdf)
Consulter le rapport annuel de Familles Rurales - Année 2023 (.pdf)
Consulter le rapport annuel de Familles Rurales - Année 2022 ( .pdf)
Consulter le rapport annuel de Familles Rurales - Année 2021 ( .pdf)
Consulter le rapport annuel de Familles Rurales - Année 2020 ( .pdf)
Consulter le rapport annuel de Familles Rurales - Année 2019 ( .pdf)